Les fermoirs dans les bijoux anciens et leur signification oubliée
- Evaluart

- 7 juil.
- 4 min de lecture
Dans l’univers raffiné de la joaillerie, la lumière se pose volontiers sur le diamant central, la pureté d’une émeraude ou la finesse d’une monture ciselée. Pourtant, un élément discret, souvent négligé mais hautement révélateur, mérite aujourd’hui d’être mis en lumière : le fermoir. Ce composant fonctionnel est bien plus qu’un simple mécanisme. Il est un témoignage historique, une trace d’affection, un marqueur de mode et parfois même un élément de sécurité juridique dans l’expertise des bijoux anciens.
Chez Evaluart, nos expertises dépassent l’apparence des pierres précieuses : nous nous intéressons à ce que l’œil pressé ne voit pas toujours. Le fermoir, justement, est l’un de ces détails qui parlent un langage oublié — mais ô combien précieux.

Une histoire symbolique et sentimentale
Le fermoir n’a pas toujours été pensé uniquement pour sa fonction utilitaire. À travers les âges, il fut aussi porte-symboles et vecteur d’intimité.
À l’époque géorgienne (1714–1830), les bijoux intimes se fermaient parfois grâce à des fermoirs en forme de serpent, un symbole d’éternité et de fidélité dans l’iconographie occidentale. À l’époque victorienne, particulièrement marquée par les bijoux de deuil, des fermoirs contenaient une mèche de cheveux ou un fragment de tissu appartenant au défunt. Ces éléments se faisaient messagers d’un lien affectif profond et durable.
Dans les bracelets « souvenir » du XIXe siècle, on retrouve aussi des fermoirs décorés de miniatures peintes, de monogrammes cachés, ou encore de pierres montées à l’envers pour que la pierre précieuse touche la peau de la personne aimée.
Ces objets étaient souvent porteurs d’un langage secret, compréhensible uniquement par les initiés ou les amoureux. En cela, le fermoir agissait comme un code discret dans l’univers codifié de la parure.
Un repère pour l’historien d’art et l’expert
Aujourd’hui encore, pour les experts en bijoux anciens, le fermoir constitue un indice de datation et d’attribution d’une importance capitale.
Chaque époque, chaque région, chaque maison de joaillerie a privilégié des systèmes de fermeture particuliers, associés à des techniques de fabrication ou à des standards stylistiques. Ainsi :
Le fermoir à crochet est typique du XVIIIe siècle.
Le fermoir « boîte à cliquet » apparaît au début du XIXe siècle.
Le fermoir de sécurité à huit est emblématique de l’Art Déco.
Les fermoirs invisibles signés par des maisons comme Cartier ou Van Cleef & Arpels à partir des années 1930 sont devenus un gage d’innovation technique.
Dans une expertise rigoureuse, le type de fermoir permet donc de confirmer une attribution à une époque, de repérer un éventuel remontage, ou encore de valider l’authenticité d’une signature.
Chez Evaluart, nous inspectons chaque fermoir avec précision, en croisant les données stylistiques, techniques et historiques afin d’offrir une lecture complète du bijou. Cette attention au détail est aussi ce qui distingue une expertise généraliste d’une analyse patrimoniale de haut niveau.

Le retour en grâce du détail : le fermoir comme argument esthétique
Fait intéressant : le fermoir revient aujourd’hui au premier plan, réhabilité dans les créations de haute joaillerie contemporaine.
Des maisons comme Repossi, Boucheron ou Ana Khouri repensent désormais le fermoir comme un élément visuel et identitaire à part entière. Non plus dissimulé, il devient signature, voire centre de gravité du design.
Certains créateurs choisissent même de détourner le système de fermeture en bijou indépendant : on pense aux colliers modulaires dont le fermoir devient pendentif, ou aux bracelets dont le fermoir se détache pour former une broche.
C’est la preuve que le regard des collectionneurs évolue : l’originalité, la technicité, la discrétion précieuse prennent une valeur nouvelle sur le marché.
Le fermoir comme facteur de valorisation
Dans un marché de la joaillerie ancienne de plus en plus orienté vers l’authenticité, la traçabilité et la conservation d’origine, un fermoir d’époque, intact, devient un facteur différenciant fort.
Prenons l’exemple d’une broche Belle Époque dont le fermoir a été remplacé au milieu du XXe siècle : même si les pierres sont d’époque, la valeur historique du bijou sera partiellement altérée, et sa revente plus difficile. À l’inverse, un fermoir bien conservé ou identifiable comme signature d’un joaillier précis (ex. : les fermoirs dissimulés de René Boivin ou les clips de sécurité signés Van Cleef) peut augmenter la valeur de la pièce de manière significative.
Un savoir à (re)découvrir
À l’heure où le marché de la joaillerie ancienne se démocratise tout en se complexifiant, le fermoir devient un territoire d’exploration inédit pour les collectionneurs éclairés.
Chez Evaluart, nous invitons nos clients à observer, à questionner et à valoriser l’intelligence cachée dans les détails. Notre mission est de faire émerger des histoires invisibles à l’œil nu, mais capitales dans la constitution d’un patrimoine personnel ou d’une collection d’investissement.
Pour aller plus loin :
Claudette Joannis, La bijouterie ancienne : histoire et techniques, Éditions Massin, 2010.
Danièle Giraudy, Bijoux Sentimentaux : Symboles et messages, Somogy, 2004.
Jean-Norbert Salit, Le bijou ancien et de collection, Éditions Faton, 2021.
Katherine Prior, Jewellery in the Age of Queen Victoria, V&A Publishing, 2010.
Anne Leurquin, Bijoux d’Orient et d’Occident, Casterman, 2002.
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